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mardi 2 août 2011

Colline royale d'Ambohimanga - UNESCO World Heritage Centre

  • Madagascar
  • Commune Ambohimanga Rova, Province d'Antananarivo Avaradrano
  • S18 45 33.012 E47 33 46.008
  • Date d'inscription : 2001
  • Critères : (iii)(iv)(vi)
  • Bien : 59 ha
  • Zone tampon : 425 ha
  • Ref: 950

Brève description

La colline royale d'Ambohimanga se compose d'une cité royale, d'un site funéraire royal et d'un ensemble de lieux sacrés. Associée à un fort sentiment d'identité nationale, elle conserve son atmosphère de spiritualité et son caractère sacré, dans la pratique et dans l'esprit de la population, depuis quelque 500 ans. Elle demeure un lieu de culte et de pèlerinage que l'on vient visiter de Madagascar et d'ailleurs.

Valeur exceptionnelle

Critère iii La colline royale d’Ambohimanga est le symbole le plus significatif de l’identité culturelle du peuple malgache. Critère iv La conception, les matériaux et la disposition traditionnelle de la colline royale d’Ambohimanga sont représentatifs de la structure politique et sociale de Madagascar depuis au moins le XVIe siècle. Critère vi La colline royale d’Ambohimanga est un exemple exceptionnel de lieu où, pendant des siècles, la mémoire, le rituel et la prière ont façonné une expérience humaine collective.

Description longue

La colline royale est le principal symbole de l'identité culturelle du peuple de Madagascar. Son dessin traditionnel, les matériaux employés et sa physionomie sont pleinement représentatifs de la structure politique et sociale de la société malgache depuis le XVIe  siècle, au moins.
L'émergence à Madagascar d'une structure politique fragmentée fondée sur des seigneurs locaux s'est traduite, à partir du XVe  siècle, par la construction de rova , des enclos royaux fortifiés construits sur les collines faciles à défendre. La forêt fut alors conservée sur les sommets pour des raisons pratiques et spirituelles, mais on déboisa les plaines pour fournir une base économique à l'existence de ces sites ; on construisit aussi alors des terrasses agricoles sur les pentes inférieures des collines. Le paysage culturel était donc en place dès le XVIe  siècle. Le seul changement important qui lui ait été apporté depuis a été le déboisement des hauteurs environnant Ambohimanga au cours de la période coloniale française. En mars 1897, les dépouilles royales furent transférées à Antananarivo par les autorités françaises, dans la vaine tentative de faire oublier le caractère sacré du site et la légitimité nationale qu'il représentait. Les tombes furent démolies et des édifices militaires construits pour la garnison qui occupait le site, mais celui-ci continua à être fréquenté dans un cadre religieux, notamment comme but de pèlerinage.
La colline royale d'Ambohimanga consiste en une ville royale, un site funéraire (tombes royales) et une série de lieux sacrés (bois, source, lac, place publique). Il est associé à un sentiment profond d'identité nationale, qui renforce son caractère sacré. C'est un but de pèlerinage aussi bien pour les Malgaches que pour des fidèles venus de l'étranger. De plus, ses édifices présentent un grand intérêt architectural, et son écosystème naturel renferme un grand nombre de plantes indigènes.
La colline est couverte par une forêt résiduelle qui dissimule les vestiges archéologiques et abrite la ville royale. Les fortifications protégeaient la ville royale par tout un système de talus et de fossés, et étaient dotées de quatorze portes de pierre ; les sept portes externes ont été construites en 1787, tandis que les sept portes internes remontent au début du XVIIIe  siècle.
La cité royale fortifiée consiste en un ensemble cohérent d'édifices où se déroulaient les cérémonies publiques. L'espace était rituellement divisé : le secteur oriental était l'aire sacrée, destinée au culte des ancêtres et aux funérailles royales. Deux bassins sacrés creusés dans le tuf, remplis d'eau par de jeunes vierges, jouaient un rôle important dans le rituel. Les corps des rois défunts reposaient dans une maison mortuaire en bois avant d'être conduits aux tombes royales. Ils continuaient, en tant qu'ancêtres, à y exercer des pouvoirs de protection et de châtiment sur les vivants, depuis l'intérieur d'un lieu sacré enclos dans une palissade de bois peinte en blanc et en rouge, les couleurs sacrées de la royauté.
Les arbres royaux sont différentes espèces de Ficus et de Draceana sp. , réservées aux villes royales.
La place de justice , sise sur un énorme roc de granit sphérique, au nord, est fermée par une balustrade en brique et ombragée par un figuier royal dont le tronc est entouré de marches de pierre.
D'autres lieux sacrés , naturels ou construits, existent aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'enclos royal. La source sacrée , qui coule encore aujourd'hui, est naturelle, et s'échappe de deux orifices placés sous un abri en pierre sèche. On prête à son eau des vertus purificatrices. Le lac sacré d'Amparihy est artificiel, et son utilisation se limite aux besoins de la cité royale et au rituel : bain royal annuel, circoncision des jeunes princes, réceptacle des viscères des souverains décédés. Le bain est particulièrement symbolique, puisque c'est ainsi que le roi prend sur lui-même tous les péchés du royaume.
Les bois sacrés sont formés de plantes indigènes et constituent une partie résiduelle, devenue aujourd'hui extrêmement rare, de la forêt naturelle qui couvrait autrefois toutes ces collines. Ils doivent leur survie au fait qu'ils sont toujours demeurés dans le domaine royal, et ont été soumis à des lois très strictes.
Les terrasses agricoles , qui se sont développées aux XVIIe -XVIIIe  siècles au nord et au sud de la colline, témoignent de l'extension du pouvoir royal au domaine économique. Elles ont permis d'exploiter la partie basse des pentes de la colline sacrée pour produire le riz, l'aliment de base de la population locale.
Source : UNESCO/CLT/WHC

Description historique

Dès le XVe siècle, le développement, à Madagascar, de structures politiques « féodales » a donné aux sites défensifs élevés une valeur particulière : l'on y construisait des rova ou enceintes royales fortifiées (analogues aux sommets fortifiés d'Europe occidentale du Ier millénaire avant notre ère). Les bois n'ont plus subsisté que sur les pentes abruptes des collines, pour des raisons pratiques et spirituelles, mais la forêt a été défrichée dans les zones basses, pour assurer la subsistance économique des sites. Des terrasses de cultures sont également construites sur la base des versants. Dès le XVIe siècle, le paysage culturel est configuré. Le seul changement majeur depuis a été la disparition du couvert boisé des crêtes avoisinant Ambohimanga pendant la période coloniale française.
Ambohimanga existe depuis le XVe siècle, au bas mot, et devient au XVIIIe siècle, particulièrement sous le règne d'Andriantsimitoviaminandriana (1740-1745), une capitale dotée d'un système de défense et de sept portails fortifiés. Des défenses extérieures et sept nouveaux portails fortifiés sont ajoutés, probablement avant 1794, époque à laquelle le palais royal est transféré à Antananarivo, tandis qu'Ambohimanga abrite les restes des souverains décédés et prend le statut de capitale religieuse. Le mur d'enceinte actuel est édifié par la reine Ranavolona Ière (1828-1861), et muni d'un portail au nord et d'un autre au sud-ouest (vers 1830). Le palais Fandriampahalemana et la maison de verre Tranofitaratra sont ajoutés en 1871.
En mars 1897, les autorités françaises de la colonie de Madagascar décident de transférer les dépouilles royales à Antananarivo, dans le but de supprimer la signification sacrée et la légitimité nationale liées au site d'Ambohimanga. En vain. Les tombeaux royaux sont démolis et des bâtiments militaires édifiés à leur place suite à l'implantation d'une garnison sur le site. En 1904, il n'en reste absolument aucune trace. La fonction religieuse du site perdure, particulièrement en tant que destination de pèlerinage, pendant tout le XXe siècle, et il reste aujourd'hui un lieu sacré actif.
Source : évaluation des Organisations consultatives

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